OLIVIER CHAUVIGNAT WORKSHOPS

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Quelle est la différence entre exposition et luminosité ?

Ce sujet nécessite une clarification car les deux termes sont souvent confondus

Note importante : toutes les informations données dans cet article sous-entendent que vous photographiez en RAW, car il est important de pouvoir séparer la prise de vue du post-traitement.

Qu’est-ce que l’exposition ?

À fin de mieux comprendre ces deux termes, nous allons essayer de faire une analogie avec le son, et la manière dont on l’enregistre.

Car après tout dans les deux cas, il s’agit d’un enregistrement numérique.

Entrée / Sortie.

Nous allons introduire la notion “d’entrée / sortie”. On peut dire que l’exposition est ce qui contrôle l’entrée de l’information alors que la luminosité est ce qui contrôle la sortie de l’information.

Analogie avec l’enregistrement audionumérique.

Sur une console d’enregistrement du son, on a un organe majeur qui est le contrôle du gain. Puis un deuxième organe, qui est le contrôle du niveau, représenté sous la forme d’un gros bouton ou d’une tirette linéaire, appelée “fader” (littéralement “atténuateur”)

Le contrôle du gain va permettre d’adapter le micro (en fonction de son niveau de sortie) afin de le mettre en adéquation avec la console d’enregistrement. Ce réglage se fait une fois pour toutes. La prochaine fois qu’on utilisera ce même micro, on pourra régler le gain exactement de la même manière, puisque ce réglage est propre à ce micro (afin de ne pas rentrer dans des complexités, cette explication a été volontairement simplifiée)

Le gain se règle avant l’enregistrement et une fois réglé, on n’y touche plus. Ce réglage est irréversible.

Le contrôle du niveau lui, sera adapté en fonction de la “quantité de son” que l’on veut, au moment du réglage final (mixage), et donc bien après que l’on ait fait la prise de son. On ne peut donc pas corriger le gain après-coup, d’où la nécessité absolue de le régler de manière correcte avant la prise de son. On va se servir d’un instrument calibré et normé pour donner la quantité exacte de gain à appliquer pour ce micro dans cette console (et dans ce contexte d’utilisation, par exemple pour un chanteur). Cet instrument s’appelle un vu-mètre

Au moment du mixage, on pourra baisser le fader si on veut obtenir moins de niveau (moins de volume sonore), mais bien évidemment, le réglage du gain sera inaccessible.

Si le gain est réglé, trop fort, le son va saturer et on obtiendra de la distorsion avec un sons “sales”. Si le gain est réglé trop bas, on devra pousser les niveaux trop fort, ce qui engendrera du bruit de fond.

On voit donc que le gain règle la quantité exacte de son délivré par le micro lui-même (dans un cadre d’utilisation donné), alors que la tirette de niveau détermine à quel volume sonore se situera le son final.

La photo numérique

La photographie numérique fonctionne de manière très similaire. L’exposition va permettre de régler, la quantité de lumière qui va frapper le capteur, et tout comme pour le gain, c’est quantité est immuable.

On va utiliser un instrument de mesure normé (norme “sensibilité ISO”) et calibré pour donner au capteur l’exacte quantité de lumière qui lui faut.

Trop de lumière qui frappe le capteur donnera une surexposition, trop peu de lumière qui touche le capteur donnera une sous-exposition. Le flashmètre / posemètre est l’outil qui permet de donner la quantité exacte de lumière qui doit arriver sur le capteur, quantité qui donnera donc “l’exposition”

Vous remarquerez qu’à ce stade on ne se préoccupe pas du fait que l’image soit claire ou foncée. Seule la quantité correcte de lumière pour le capteur est prise en considération, grâce à la mesure au flashmètre / posemètre. C’est cet instrument de mesure qui va “traduire” la lumière présente en valeurs à régler sur votre boitier et votre flash.

Une photo sous exposée (ayant reçu une quantité de lumière inférieure à la norme) obligera à monter, exagérément la luminosité et engendrera du bruit vidéo. Pour rappel, un appareil photo numérique est une “caméra vidéo à images fixes”.

Une photo surexposée provoquera une disparition des informations qui seront remplacés par des zones blanches

Qu’est-ce que la luminosité ?

Si nous poursuivons notre analogie avec le son, la luminosité correspond donc au “niveau audionumérique”

Alors que l’exposition se fait à la prise de vue uniquement, la luminosité, elle, se règle au post-traitement.

Par conséquent, contrairement à ce que peut faire penser le nom du curseur « exposition » de Lightroom, nous n’agissons pas du tout sur l’exposition, puisqu’elle ne peut être déterminée qu’à la prise de vue et ce de manière irréversible (tout comme le réglage du gain en audio). Le nom de ce curseur est donc extrêmement trompeur et explique lui seul la grande confusion qui existe sur ce point, y compris, chez beaucoup de photographes professionnels que j’ai pu rencontrer.

Historiquement, les logiciels de développement numérique possèdent un curseur luminosité, et un curseur contraste. Vous constaterez que sur Lightroom, il n’y a pas de curseur luminosité et pour cause, la luminosité est réglée par le curseur “exposition”.

Comment régler la luminosité ?

On entend souvent des gens qui , après avoir photographié en sous exposant, expliquent leur manière de procéder à la prise de vue, en disant qu’ils veulent “une photo sombre”.

Mais rappelez-vous l’analogie avec le son : vous réglez le gain du micro une bonne fois pour toutes. Et c’est avec la tirette de niveau que vous allez régler la quantité de son dans votre mixage final.

Si vous enregistrez un chanteur, et que vous voulez plus tard que la voix soit plus en retrait dans certaines parties de votre morceau, vous allez agir sur le niveau ultérieurement, au mixage.

En photo c’est exactement la même chose, vous réglez d’abord votre exposition à la prise de vue de manière à ce que le capteur reçoive la bonne quantité d’informations. Et c’est uniquement au moment du post-traitement vous réglez votre luminosité : vous ajoutez si vous voulez “plus clair” et vous baissez si vous voulez quelque chose quI soit “plus sombre”.

On voit donc que les deux process sont vraiment complètement séparés.

C’est donc le réglage de l’exposition qui permet de donner au capteur et à l’appareil photo, la bonne quantité de lumière, la bonne exposition. Pas de surexposition bien sûr, mais également pas de sous exposition

Et ce n’est que, au moment du post-traitement que l’on ajustera le niveau exact de luminosité avec le curseur, dit « exposition ».

Les inconvénients de la sous exposition.

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Si vous n’avez pas respecté cette manière de procéder, vous risquez de produire un fichier sous-exposé. La plupart des gens sont attentifs à la surexposition car il existe de nombreux indicateurs dans l’appareil photo qui permettent de s’en protéger, en revanche, il n’existe aucune protection contre la sous exposition.

Un fichier sous-exposé est un fichier pauvre en informations, et lorsque vous allez tenter de le post-traiter, de l’éclaircir, de travailler sur les couleurs, vous allez avoir de nombreux effets secondaires tels que du bruit vidéo et des problèmes de dérives colorimétriques.

Avec un fichier correctement exposé vous aurez une latitude de travail, bien plus importante que ce que l’on pourrait penser. En fait, un fichier numérique est extrêmement souple et riche s’il a été exposé correctement

Si vous sous-exposez de - 1 IL (par exemple), vous obtiendrez un fichier abîmé et dur à post-traiter. En revanche, si vous exposez correctement, puis que vous baissez la luminosité de - 1 IL en port-traitement, vous garderez toute la richesse de votre fichier avec une luminosité finale équivalente.

Ce principe a été établi par les pionniers du numérique, tels que Thomas Knoll et Michael H. Reichmann et Bruce Fraser.

Ceci est documenté depuis 2002, ce n’est donc pas un scoop. Mais malgré cela, beaucoup de personnes continuent à sous-exposer, sans être conscientes des conséquences.

Si vous tenez à travailler avec des fichiers riches en couleurs et souples en luminosité, exposez correctement, puis utilisez la luminosité en post-traitement pour avoir le rendu final.

Ces notions sont détaillées dans le livre, “Les secrets de la photo de studio”, au chapitre 2

Conséquences sur le contenu et la qualité du fichier numérique

L’exposition et son réglage au moment de la prise de vues a une conséquence directe et irréversible sur la qualité du fichier numérique et sur la richesse de son contenu.

La luminosité (réglée grâce au curseur “exposition”) n’a aucune conséquence sur le contenu et la qualité du fichier numérique, et son action est modifiable et réversible

Ne confondez pas les deux…

“Un peu trop exposée”

Je lis ou j’entends parfois cette notion de “un peu trop exposée”. Ca n’existe pas. Soit votre image est exposée correctement, soit non. Et dans ce cas, elle est soit surexposée, soit sous exposée.

La majeure partie du temps la photo est simplement considérée comme “trop lumineuse”, ce qui n’a strictement rien à voir avec l’exposition.

Détecter une surexposition “à l’œil”

Il faut un bon œil et un très grande habitude et expérience pour distinguer un photo réellement surexposée (à la prise de vues donc) d’une image trop lumineuse (mauvais post-traitement) sans se tromper. Parfois, ce n’est qu’en demandant une image “tous curseurs à zéro” que l’on pourra voir si c’est le post traitement le fautif, ou si l’image était détruite dès la prise de vues.