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Flashmètre en numérique vs Histogramme

En numérique, tout comme en argentique, le seul moyen d'avoir une mesure exacte, est de mesurer en lumière incidente au flashmètre (lumière flash), ou au posemètre, dans le cas de la lumière continue (naturelle ou artificielle). Affirmer que l'on "n'aurait pas besoin d'un flashmètre en numérique" est une fausse donnée. Nous le mettons en évidence par la démonstration et la mise en pratique concrète dans tous les workshops photo.

Shooting par Victor Demarchelier

Alors que le flashmètre mesure la lumière incidente (celle qui arrive sur le sujet), la mesure réfléchie (celle utilisée par la cellule intégrée à l'appareil) dépend de la réflectance du sujet. Elle est donc fluctuante : le résultat de la mesure est différent, selon que le sujet réfléchit peu ou beaucoup, alors que la lumière elle, est restée la même, ce qui engendre forcément une approximation. On utilisera donc le flashmètre, dans tous les cas ou c'est réalisable, en studio, en lumière mixte ou en lumière naturelle.

Qu’est-ce que l’histogramme ?

Un histogramme est un outil statistique dessinant une surface constituée de colonnes de valeurs, accolées les unes aux autres.

L’histogramme d’un appareil photo est donc la représentation statistique de la répartition des pixels constituant l’image. L’axe des abscisses (x) représente les colonnes des valeurs tonales, depuis les plus sombres, à gauche, jusqu’aux plus claires, à droite. Pour chaque colonne, sa hauteur représentée sur l’axe des ordonnées (y) correspond à la « population », c’est-à-dire à la proportion de pixels présents dans l’image pour la valeur tonale en question.

Si une colonne de l’histogramme arrive à la valeur maximale sur l’axe des y, cela signifie que c’est pour cette valeur tonale (ou ces valeurs tonales s’il y en a plusieurs) qu’il y a le plus de pixels utilisés. Cela n’a rien à voir avec une « saturation » de ces valeurs, cela n’indique pas une photo « cramée », seulement que ce sont ces valeurs tonales qui sont les plus présentes dans l’image.

L’histogramme, ici en haut à droite dans le logiciel Lightroom, représente la répartition et la population des pixels pour chaque valeur tonale de l’image.

Cet histogramme présente des zones caractéristiques. En vert, les pixels consacrés à la représentation de la partie sombre de la chevelure et du vêtement, et toute autre zone dans cette gamme de tonalités très foncées. En bleu, ceux consacrés aux ombres du portrait, de sombres à moyennes. Le pic rouge correspond surtout au fond gris qui mobilise cette zone tonale. En jaune, valeurs consacrées à la représentation des parties claires de la peau. Les pixels associés aux valeurs très claires sont si peu nombreux qu’ils n’apparaissent que sous forme d’une ligne, à l’extrême droite.

L’histogramme n’est pas un outil de mesure de l’exposition

L’histogramme de l’appareil photo correspond à celui d’un fichier JPEG produit par le boîtier, avec les réglages courants, paramétrés dans l’appareil – si ce dernier montrait l’histogramme du fichier RAW, toutes les données seraient compressées sur la gauche à cause de la manière dont sont stockées les données brutes dans ce type de fichier. Le boîtier numérique applique donc une correction automatique avec une courbe de gamma (courbe d’éclaircissement) qui imite les caractéristiques de la perception lumineuse humaine, rendant les infos visuellement acceptables. L’histogramme « boîtier» signale par conséquent des hautes lumières « cramées », alors qu’en fait elles ne le sont pas...

  1. L’histogramme que vous voyez au dos de votre appareil n’est pas celui de votre fichier RAW. Il est le reflet statistique du résultat de la mesure d’exposition, que celle-ci soit bonne ou mauvaise. L'histogramme ne sera donc pas le même dans le boitier que dans le logiciel de développement. L'histogramme ne sera pas non plus le même d'un logiciel de développement à un autre

  2. L'histogramme changera dans le logiciel de développement en fonction du profil choisi (on l'a vu par exemple avec les profils linéaires)

  3. On ne peut pas distinguer une photo sous-exposée d’une photo low key, l’histogramme ayant le même aspect dans les deux cas : on ne peut donc pas détecter une sous-exposition avec l’histogramme.

  4. Vous pourrez effectuer une « exposition à droite » en vous aidant de l’histogramme uniquement si la scène photographiée contient de très hautes lumières, que vous pourrez « caler » sur la partie droite du graphique. Dans le cas contraire (par exemple là encore, dans le cadre d’un low key), impossible d’exposer à droite.

  5. On sait que, pour « caler à droite », on doit se servir de l’indicateur de surexposition ; or, nous venons de voir que l’information donnée est erronée. En fait, il est impossible avec un histogramme, de savoir si une photo est réellement surexposée, ni dans quelle mesure.

  6. L'histogramme boitier affiché après une mesure optimisée (à 1,33 au Posemètre) indiquera une forte surexposition, alors que le même fichier ouvert dans le logiciel RAW affichera un histogramme parfaitement "calé a droite" (a condition bien sur que la scène présente des valeurs claires, ce qui n'est pas toujours le cas) et sans aucune surexposition. Pour rappel, une optimisation n’est pas une surexposition, mais une adaptation spécifique de l’exposition au support numérique, adaptation qui permettra d’enrichir votre fichier et non pas de l’appauvrir comme le ferait une surexposition.

  7. En mesure incidente, on mesure la lumière qui arrive sur le sujet lui-même : c’est impossible à réaliser avec un histogramme qui n’est que le reflet de la scène globale. On ne peut donc pas se servir d’un histogramme pour exposer le sujet au sein de cette scène. Il sera donc impossible avec l'histogramme de connaitre la mesure d'expo sur le sujet

  8. Un flashmètre permet d’obtenir exactement la même quantité de lumière sur le sujet, quel que soit le modeleur utilisé, sa position, sa distance, son angle, etc. C’est impossible à accomplir avec l’histogramme.

  9. L'histogramme donne une vue globale de la scène en lumière réfléchie. Cela veut dire que les informations d'exposition de la scène changent avec la réflectance du sujet. Or l'exposition doit être la même quelque soit le sujet photographié (sinon cela conduit a des erreurs d'exposition)

  10. Un histogramme ne pourra pas donner les contrastes (les écarts basses lumières / hautes lumières ou les écarts de luminosité) au sein de la scène. Il sera impossible avec l'histogramme de connaitre le contraste (au dixième d'IL près) entre deux points de la scène (pour mesurer un fallof par exemple)

  11. Un histogramme ne permettra pas de déterminer le contraste latéral sur un mannequin (écart de lumière entre la gauche et la droite du modèle)

  12. Un histogramme ne permettra pas de déterminer le contraste vertical sur un mannequin (fallfof)

  13. Impossible de régler la distance, l'inclinaison, l'angle et le positionnement d'une boite a lumière avec un histogramme. Le flashmètre permet de le faire au 1/10e de diaph près et de le répéter avec la même exactitude, quel que soit le matériel, le lieu, les circonstances et les conditions.

  14. L'histogramme ne permet pas d'établir à la fraction d'IL près, le ratio entre sources ni la symétrisation des sources (symétrisation : faire que deux sources délivrent exactement la même “quantité” de lumière). Avec un flashmètre, ou peut régler chaque source à la fraction d'IL près. Plus la mesure de base est précise (à la faction d'IL près) et moins les variations d'exposition inhérentes à la prise de vues auront de mauvaises conséquences (celles notamment dues aux mouvements du mannequin par rapport à la source). Tous les flashes modernes se règlent au 1/10e d'IL, pour cette raison.

  15. Le LCD d'un appareil photo, quel que soit son prix, ne permet pas de restituer correctement les contrastes (ni les couleurs). C'est ainsi que l'on s'aperçoit qu'une photo ne ressemble pas du tout à l'écran, à ce que l'on avait vu sur le LCD

  16. Observer une image sur le LCD ne permet pas de juger de son exposition. Cette erreur fatale est très couramment commise.

  17. Le cerveau a tendance à compenser les contrastes. L’œil va donc interpréter les contrastes (il va en changer la réalité) alors que l'appareil de mesure lui, reste imperturbable.

  18. La mesure au flashmètre est bien plus rapide que la méthode empirique de l'histogramme.

  19. Une fois la mesure faite (cela prend quelques secondes) l’exposition est bonne des votre première image et pour toutes les images à venir,tant que vous ne changez pas la lumière, et ce quel que soit le sujet photographié. Une fois sa mise en place réalisée, la mesure proprement dite d’un setup à 6 sources prend moins d’une minute.

  20. Un Histogramme n'est pas un instrument de mesure. C'est juste le reflet statistique de la répartition des pixels dans l'image une fois faite et ce, pour le JPG servant à l'affichage. Pas pour le fichier RAW. L'histogramme ne donne donc pas l'exposition. Ce seul point est une phénoménale source de confusion chez beaucoup d'utilisateurs.

  21. L’histogramme n’est qu’un guide général pour l’exposition. Si vous travaillez avec un flashmètre et une mesure incidente, vous ne vous en servirez jamais. Réservez son usage pour les situations dans lesquelles vous ne pouvez pas vous servir du flashmètre/posemètre, par exemple en photo de reportage.

Ces points sont constamment démontrés et mis en pratique dans les workshops photo que nous délivrons.

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