Comment mesurer la lumière mixte en numérique ?

Photo réalisée en lumière mixte à Ibiza, au Moyen Format et avec optique à obturateur central - 80 Iso - 1/800s à ƒ/5,6 - Flash : 1200 joules - Pas de retouche

Photo réalisée en lumière mixte à Ibiza, au Moyen Format et avec optique à obturateur central - 80 Iso - 1/800s à ƒ/5,6 - Flash : 1200 joules - Pas de retouche

Je pratique la lumière mixte en numérique depuis plus de 20 ans. J’ai donc pu élaborer un technique de mesure et d’exposition qui donne des résultats uniformes, quelle que soit la situation rencontrée. Vous trouverez ici les fondamentaux de cette méthode de mesure qui peut sembler complexe à priori, mais qui est très simple à appliquer une fois qu’on en maitrise les fondamentaux.

Prérequis

Avant de lire cet article, assurez-vous d’avoir lu et compris les articles ci-dessous. Le premier contient les techniques de base, ainsi que des notions communes aux deux contextes de mesure (Studio et Lumière Mixte). Le deuxième explique comment optimiser la mesure dans le cas particulier du numérique. Le troisième explique les limitations de la HSS

Principe de la lumière mixte

En lumière mixte, le sujet est éclairé simultanément par deux sources de nature différente

  1. La lumière ambiante (lumière naturelle ou lumière artificielle continue, par exemple à l’intérieur d’un bâtiment).

  2. La lumière produite par le flash.

L’idée est donc d’exposer correctement la lumière ambiante et la lumière flash dirigée vers le sujet.

Mesure de la source en lumière mixte

Nous devrons effectuer deux mesures : une pour la lumière ambiante, puis une pour le flash. Bien entendu il faudra que les réglages soient compatibles entre ces deux mesures. Pour cela nous utiliserons un paramètre charnière, qui servira a caler la deuxième mesure sur la première.

Optimisation pour le numérique

Comme nous l’avons vu dans l’article consacré à ce sujet, nous allons mesurer la lumière en optimisant. Pour un réglage d’ouverture boitier à ƒ/5,6 par exemple, nous effectuerons la mesure en optimisant à +1,33 IL. Nous règlerons donc notre flashmètre à ƒ/9.

Priorité ouverture

Tout comme en studio, l’ouverture est notre facteur majeur. Nous règlerons donc notre boitier à l’ouverture voulue. Et le posemètre - réglé en priorité ouverture - nous donnera le temps d’exposition à utiliser en fonction de la lumière ambiante.

  • Mesure de la lumière ambiante

    En lumière naturelle, on ne peut pas faire varier la puissance de la lumière par définition. On va donc régler notre posemètre en priorité ouverture afin que celui-ci nous donne le temps d’obturation.

    Remarque : Le temps d’obturation va influencer la lumière ambiante.

  • On règle le Flashmètre/Posemètre en mode Posemètre (icône “soleil”)

  • On règle le posemètre pour afficher la sensibilité ISO de son boitier. Ici 100 iso par exemple

  • On choisit ensuite un diaphragme que l'on affichera sur son boiter. par exemple ƒ/5,6

  • On règle de Flashmètre en priorité A (ouverture)

  • On règle l’ouverture sur le posemètre, par exemple ƒ/9 (puisque ƒ/5,6 optimisé à +1,33 IL donne ƒ/9)

  • On sort la lumisphère

  • Sauf conditions spécifiques, la lumière sera la même sur le décor que celle qui se trouve à l’endroit ou vous vous tenez pour faire la mesure. Vous n’avez donc pas besoin de vous rapprocher du sujet pour mesurer, il suffit de tendre le posemètre dans la direction du modèle, de préférence au-dessus du niveau de votre tête afin d’isoler au maximum la mesure des réflexions de l’environnement. On place donc le posemètre lumisphère sortie dirigée vers le soleil en fonction de sa position dans le ciel et en direction du sujet, puis on effectue une mesure. Pour faire cette mesure, le posemètre doit se trouver dans la même lumière que celle qui éclaire le décor. Si vous êtes à l’ombre, déplacez vous afin de vous positionner dans la même lumière que celle reçue par le décor.

  • Le posemètre va vous donner un temps d’exposition, par exemple le 1/400s.

  • Cette mesure de 1/400s sera votre paramètre charnière

  • Mesure de la lumière flash

    Remarque : Le temps d’obturation n’influence pas le flash, puisque l’éclair a une durée bien plus courte que celle du temps réglé sur l’obturateur. En d’autres termes, quelle que soit le temps utilisé, la lumière flash restera la même si vous utilisez un flash en Synchro-X. Ceci ne s’applique pas au HSS.

  • On règle le paramètre charnière sur le boitier photo. En l’occurrence le 1/400s. On ne se préoccupe pas pour l’instant de la vitesse de synchro.

  • On règle le Flashmètre/Posemètre en mode Flashmètre (icône “éclair”). Le flashmètre est par définition réglé en mode priorité Temps d’obturation.

  • On conserve sur le flashmètre la sensibilité de 100 ISO.

  • On conserve la lumisphère sortie.

  • On place le flashmètre devant le visage du sujet, lumisphère sortie en direction du centre de la source. Le flashmètre va mesurer l’éclair du flash, tout en tenant compte également de la lumière naturelle qui arrive aussi sur le sujet. C’est la raison d’être de la lumisphère sortie.

  • Le flashmètre vous donnera le ratio flash/ambiante. Une valeur de 30% par exemple, veut dire que le flash représente 30% de l’éclairement global du sujet. Par conséquent le sujet est éclairé également à 70% par la lumière ambiante. Nous avons ici tout le concept de “lumière mixte”

  • Note : on peut faire la mesure sur soi-même en l'absence du modèle. Cela permet d’être prêt à son arrivée.

  • On règle la puissance du flash par mesures successives jusqu'à afficher sur le flashmètre, le diaphragme cible, en l’occurrence ƒ/9. (valeur optimisée pour ƒ/5,6)

  • On obtient donc un réglage boitier optimisé pour la lumière ambiante et optimisé pour le flash.

  • On obtient également un réglage pour lequel le sujet reçoit exactement la même quantité de lumière que le décor.

Contrôle du ratio entre l’éclairage sur le sujet et l’éclairage du décor.

Pour réaliser une image “typée” comme celle qui se trouve en entête de cet article, on va devoir “assombrir” le fond (le décor) sans pour autant que le sujet lui même soit assombri.

Comme nous l’avons vu précédemment, le temps d’obturation affecte la quantité de lumière sur le décor, sans affecter la quantité de lumière émise par le flash

Pour que le décor reçoive deux fois moins de lumière que dans le réglage initial (moins 1 IL), il suffit donc de diviser le temps de pose par deux, dans notre exemple on passera donc au 1/800s (moins 1 IL)

Contrôle de la vitesse de synchro en Petit Format

Notre réglage initial est donc de : 100 Iso, 1/400s, ƒ5,6 optimisé ƒ/9 (ƒ/5,6@ƒ/9) et 1200 joules. Il est impossible en 24x36 d’utiliser de tels réglages et vous ne pourrez donc pas réaliser la photo en tête d’article en 24x36 car nous sommes hors des limites physiques du matériel.

Bien sur, vous pouvez filtrer à -1 IL avec un filtre ND. Cela vous permettra de régler le temps d’obturation au 1/200s, vous retrouvant ainsi dans la zone de Synchro-x de votre boitier. Mais en procédant ainsi, vous allez non seulement filtrer le décor, mais également l’éclair du flash qu’il vous faudra compenser en doublant l’énergie flash pour la passer à 2400 joules. Or il n’existe aucun flash autonome délivrant 2400 joules. Insoluble

Vous pouvez également fermer votre diaph à ƒ/8 et descendre la vitesse au 1/200s. Mais là encore, vous allez devoir augmenter l’énergie flash, puisque la fermeture du diaph affecte également la lumière émise par le flash. Insoluble.

Vous pourrez faire une photo, mais elle sera différente. vous conserverez votre réglage 100 Iso, 1/200s, ƒ/8 optimisé ƒ/13 (ƒ/8@ƒ/13) et 1200 joules. Et votre sujet éclairé par le flash ne recevra que la moitié de la lumière flash qu’il devrait recevoir, ce qui devrait donner une situation de contrejour avec un sujet plus sombre que l’arrière plan.

C’est la limitation du 24x36 face au Moyen Format en lumière mixte.

La HSS

La HSS est une fausse bonne idée, comme vous avez pu le voir dans l’article “La Synchro Haute Vitesse”. Un flash HSS de 500 joules n’est déjà pas assez puissant pour réaliser la photo d’entête. Si en plus vous utilisez le 1/400s, vous divisez l’energie par deux, soit 250 joules. Nous sommes donc à plus de deux ILs d’écart par rapport à l’énergie nécessaire. Insoluble.

Là encore vous pourrez faire une photo, mais elle sera totalement différente de celle que vous voyez en entête de cet article.

Photos exemples

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